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Col du Télégraphe

  • Altitude : 1566 mètres
  • Département : Savoie (73)
  • Région : Auvergne Rhône Alpes
  • Catégorie : 1

Montée depuis St Michel de Maurienne :

Distance : 11,8 km – Dénivelé : 878 mètres – Pente moyenne : 7,4 % - Pente maximale : 9 %

  • Longueur : 3/5
  • Paysage : 2,5/5
  • Difficulté : 3/5
  • Trafic : 1,5/5

10/20

Location de vélo : Magnin Sports à Valloire

Ce classique du Tour propose 12 kilomètres d’ascension à 7,4 % de moyenne sur un véritable billard. Il constitue surtout la voie d’accès à la célèbre face nord du Galibier. Pour ceux qui prévoient de poursuivre leur route en s’attaquant à ce géant des Alpes à la sortie de Valloire, il conviendra d’en garder sous la salade pour ne pas poser pied à terre avant son sommet (2642 mètres).

telegraphe 1

En débutant la montée, il convient d’avoir à l’esprit que la première moitié de l’ascension est plus difficile que la seconde. En quittant St Michel Maurienne (711 m), le col du Télégraphe propose une pente modérée (5.5%) sur le premier kilomètre qui va augmenter à partir de St Martin d’Arc (7,5%). La déclivité qui reste forte mais régulière (8%) atteint au kilomètre 4 le maximum de pente (9%) pendant 350 mètres. A la sortie du hameau des Grandes Seignères (923 m), on pénètre dans une forêt fournie sur une route devenue plus sinueuse.

telegraphe 2

La seconde moitié du col propose une pente moins sévère qui rend la montée plus supportable. A partir du kilomètre 7, la déclivité n’offre plus de pourcentages supérieurs à la limite du seuil de confort (7%) jusqu’au sommet. La route dessine alors une succession de cinq lacets serrés qui permettent de franchir la Visard (1358 m) puis reprend une forme plus rectiligne après le carrefour de Valmeinier. Le léger replat du kilomètre 8 permet de reprendre son souffle et d’aborder le final à 7% de moyenne dans de bonnes conditions. Les trois derniers kilomètres permettent d’atteindre le sommet du Télégraphe (1566 m) qui dessine un virage sur la gauche comme au sommet du Galibier (2642 m).

Une descente de cinq kilomètres permet de plonger vers le village de Valloire (1405m) qui se situe au pied du col du Galibier. Cette station de sport d’hiver propose 150 kilomètres de pistes réparties sur 3 massifs à une altitude comprise en 1400 m et 2525 m.

Cette montée reste un col de montagne (il en porte d’ailleurs l’appellation) mais se rapproche plus du format des « montées de station » (son versant sud est quasi inexistant 4,7 km à 3.5% et n’est jamais référencé sur le Tour). C’est pour cette raison que le plaisir de l’ascension est en partie gâché par l’importance du trafic. Heureusement, l’enchainement de virages, la qualité du revêtement, la beauté du décor et la perspective de m’attaquer ensuite au Galibier m’ont permis d’évacuer rapidement cette désagréable sensation et de garder au final un beau souvenir du Télégraphe.

telegraphe 3

Le panache d’Alberto Contador (22 juillet 2011)

Alberto Contador se présente émoussé au départ du Tour 2011 en Vendée en raison d’un Tour d’Italie victorieux mais éreintant. Le madrilène se lance en ce début juillet un double objectif : réussir le doublé Tour d’Italie/Tour de France qu’aucun coureur n’a tenté ni réussi depuis Marco Pantani en 1998 et réaliser la passe de quatre sur la grande boucle.

A 29 ans, l’espagnol présente un palmarès impressionnant sur les grands Tours : 3 Tours de France (2007-2009-2010), un doublé Giro/Vuelta en 2008 auquel s’ajoute le Tour d’Italie 2011. Dès 2008, à seulement 26 ans, le Madrilène possède déjà son rond de serviette à la table des vainqueurs des 3 grands Tours (Felice Gimondi, Jacques Anquetil, Eddy Merckx et Bernard Hinault).

« Contador contrôlé positif »

Au départ du Tour sur l’Ile de Noirmoutier, Contador apparait fragilisé par son contrôle positif au clenbutérol pour lequel il attend le règlement de son cas. En effet, le 30 septembre 2010 marque une rupture dans la carrière de l’espagnol qui est suspendu à titre conservatoire par l’UCI en raison de ce contrôle lors du précédent Tour de France. Les analyses complémentaires révélent également la présence de résidus plastiques dont la concentration à huit fois la normale atteste d’un recours à l’auto-transfusion. L’espagnol qui conteste cette conclusion vient enrichir le contingent des excuses lunaires brandies par certains cyclistes pris par la patrouille* en évoquant une intoxication alimentaire liée à l’ingestion de viande avariée.

Dès la première étape du Tour 2011 qui arrive au Mont des Alouettes, Alberto Contador accuse sur la ligne un retard de 1’17 par rapport à ses adversaires Cadel Evans, Andreas Klöden et les frères Schleck. Tout comme Lance Amstrong qui ne chutait jamais avant son calvaire de 2010 émaillé de plusieurs gamelles, Alberto Contador se trouve pris dans une chute (la première d’une longue série) à 9 kilomètres de l’arrivée. Quatre jours plus tard, l’espagnol qui entend marquer les esprits et lancer son Tour est battu par Cadel Evans au sommet de Mur de Bretagne. Dans la montée de Luz Ardiden, El Pistolero qui apparait dans un mauvais jour rallie l’arrivée en 8ème position à 43" du vainqueur Samuel Sanchez. Alors que l’on attend le réveil de Contador au Plateau de Beille (les favoris se neutralisent au terme d’une montée bien décevante), l’espagnol surprend ses adversaires en démarrant sur un col de 2ème catégorie, le petit col de Manse dans l’étape de Gap avant de récidiver le lendemain dans la montée puis la descente de la côte de Pramarito (2ème cat). Mais cette débauche d’énergie ne donnera aucun résultat sur le plan arithmétique. Contador qui reste englué à la 6ème place du classement général n’a brillé que sur des ascensions de 2ème catégorie au moment où la haute montagne se profile dans les Alpes : col d’Agnel (HC)-Izoard (HC)-Galibier (HC) puis Télégraphe (1ère cat) -Galibier (HC)-Alpe d’Huez (HC) le lendemain.

La 19ème étape du Tour 2011 entre Modane et l’Alpe d’Huez est la dernière étape de montagne de cette édition. Cette courte étape propose le mythique enchainement Télégraphe/Galibier puis la montée vers l’Alpe d’Huez. La veille, Andy Schleck a remporté l’étape reine qui arrivait pour la première fois au sommet du Galibier et Thomas Voeckler a sauvé son maillot jaune pour 15’’.

« La course poursuite du Télégraphe »

Alberto Contador qui pointe désormais à 4’44 du maillot jaune et à 4’29 d’Andy Schleck décide d’attaquer le lendemain dès les premiers lacets du col du Télégraphe pour espérer gagner un 4ème tour de France**. Andy Schleck, Franck Schleck, Cadel Evans puis le maillot jaune Thomas Voeckler accrochent l’un après l’autre la roue du Pistolero aux petites Seignères. A 92 kilomètres de l’arrivée, tous les hommes forts de cette édition 2011 sont à l’avant de la course.

Un kilomètre après ce coup de folie, une nouvelle accélération de Contador décroche Franck Schleck. Son frère Andy, Evans et Voeckler un temps distancé parviennent à revenir dans la roue de l’espagnol au prix d’un terrible effort. Le train imposé par le madrilène fait plier Evans puis Voeckler. Distancé, l’australien prend la décision d’attendre le peloton tandis que Voeckler persiste à rester en chasse patate à 30’’ du duo : c’est le moment clef du tour.

Bien que tous deux lâchés par le leader de la Saxo Bank, le premier grâce à cette décision va gagner le Tour alors que le second va le perdre. Le groupe Contador/Schleck franchit le Télégraphe avec 36" d’avance sur Voeckler, le groupe Evans est déjà à 1’36.

Cette course poursuite du Télégraphe se prolonge dans le Galibier. A 2 kilomètres du toit du Tour, Contador et le cadet des Schleck possèdent une minute d’avance sur le groupe maillot jaune emmené par l’équipe Europcar. Ce peloton comprend également Franck Schleck, Luis Leon Sanchez, Cadel Evans, Ivan Basso, Ryder Hesjedal et Damiano Cunego.

telegraphe Tour de France 1

Fait rare dans son histoire avec le Tour, Cadel Evans place une attaque tranchante à moins de 2 kilomètres du sommet. Le maillot jaune qui apparait fatigué en raison de la chasse menée dans le Télégraphe est décramponné. Le duo de tête passe au sommet avec 34’’ d’avance sur le groupe Evans et 1’33 sur le groupe Voeckler.

Un regroupement entre les différents favoris se produit dans la vallée de la Romanche. Mais dès les premières pentes de l’Alpe d’Huez, Alberto Contador place une nouvelle banderille et emmène Pierre Rolland dans sa roue. Andy Schleck et Cadel Evans ne parviennent pas à répondre à cette attaque tranchante à 12 kilomètres de l’arrivée dans les plus forts pourcentages de l’Alpe.

A la sortie de la Garde en Oisans, Contador part seul. Epuisé par ses efforts répétés et sans équipier, le maillot jaune craque perdant à la fois ses rêves de victoire et de podium à Paris.

« Le perdant magnifique »

A 4 kilomètres de la ligne, Contador est toujours à l’avant de la course 15’’ devant le duo Sanchez/Rolland, 1’04 devant le trio Evans/ F. Schleck/ A. Schleck et 3’04 devant le groupe maillot jaune. Le duo de contre attaquants parvient à opérer la jonction avec le madrilène avant que le français ne contre les deux espagnols en entrant dans la station.

Pierre Rolland remporte cette étape de prestige. Il s’agit de la première victoire d’étape française en montagne à la pédale sans avoir été échappé, devant les favoris depuis celle de Richard Virenque à Morzine en 2000.

Fidèle à son panache, Contador tentera à nouveau de renverser la course en partant dès les premiers kilomètres d’autres étapes de montagne au faible kilométrage. Il attaquera dès le départ de la 15ème étape de la Vuelta 2016 et de la 13ème étape du Tour 2017 emmenant à chaque fois Nairo Quintana dans sa roue sans parvenir une nouvelle fois à lever les bras. Dans cette seconde carrière qui débute au moment de l’affaire du steak haché, Contador devient une espèce de perdant magnifique qui ose des offensives de grande envergure en montagne qui ont disparu depuis les années 90. Malgré une magnifique victoire sur le Tour d’Italie 2015 et deux succès sur la Vuelta (2012 et 2014), l’espagnol ne brille plus sur le Tour après son contrôle positif (2011 : 5ème, 2013 : 4ème, 2014 : abandon, 2015 : 5ème, 2016 : abandon, 2017 : 9ème) et devient le Jan d’Ulrich de Christopher Froome en ne parvenant pas à trouver la solution face à lui chaque mois de juillet.

* florilège des excuses évoquées par les coureurs contrôlés positifs :

- Mon bidon a été mal nettoyé, c’est pour cela que l’on a retrouvé des traces de carphédron dans mon organisme « Danilo Hondo »
- Mon bidon a été piégé « Roger Pingeon »
- C’est à cause d’un bidon que m’a tendu un spectateur « Pedro Delgado »
- On a retrouvé de la testostérone dans mes urines parce que j’ai pris une cuite hier soir dans ma chambre d’hôtel « Floyd Landis » (cf la Toussuire)
- Je n’arrive pas à expliquer ces contrôles positifs sur le Giro, je n’écarte pas l’hypothèse d’un complot « Danilo Di Luca »
- Les produits retrouvés dans le coffre de ma voiture étaient pour ma belle-mère en Lituanie « Raimondas Rumsas »
- Le clenbuterol retrouvé dans mes affaires était pour mon chien asthmatique « Franck Vandenbrouke »
- La cocaïne vient des bonbons que ma tante m’a rapportées du Pérou, ou alors c’est la faute de mon dentiste « Gilberto Simoni »
- Les cellules retrouvées dans mon sang ne viennent pas d’inconnu (d’une transfusion) mais ont été produites in utéro par mon frère jumeau décédé avant ma naissance « Tyler Hamilton » (cf col du Soudet)
- La testostérone retrouvée avait pour but d’accroitre ma fécondité « Christian Henn »
- C’est à cause de la climatisation de l’hôtel et d’une intoxication alimentaire « abandon de l’ensemble de l’équipe PDM sur le Tour 1991 »
- Ma mère prend du Lasilix au repas, une partie a du tomber dans mon assiette en le coupant en deux. C’est la seule possibilité pour expliquer ce contrôle positif aux diurétiques « Michael Bresciani »

**Alberto Contador n’a pas encore perdu sa victoire du Tour de France 2010 sur tapis vert

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