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Col du Soulor

  • Altitude : 1474 mètres
  • Département : Hautes Pyrénées (65)
  • Région : Languedoc Roussillon-Midi Pyrénées
  • Catégorie : 1

Montée depuis Argelès Gazost :

Distance : 19,4 km – Dénivelé : 1019 mètres – Pente moyenne : 5,3 % - Pente maximale : 11 %

  • Longueur : 4/5
  • Paysage : 5/5
  • Difficulté : 3,5/5
  • Trafic : 2,5/5

15/20

Location de vélo : Ardiden Vélo à Luz Saint Sauveur

Parmi ses trois voies d’accès (Arthez d’Ansson, Cirque du Litor), le versant oriental qui débute à Argelès Gazost (465 m) offre une rampe de lancement en direction de l’Aubisque.
Le pied de la montée permet de s’échapper de la capitale du Lavedan grâce à la route de l’Aubisque qui s’élève rapidement sur les flancs du mont de Gez. Sur cette route très fréquentée, vous apercevez l’église Saint Sarturnin, le casino, le jardin des Bains et les thermes qui ont fait la renommée de la commune.

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Cette voie qui contourne le centre historique de la ville s’élève rapidement à 7,5% pour rejoindre Arras en Lavedan (695 m). A la suite de 3 kilomètres plus inclinés, vous atteignez le plateau du val d’Azun. La pente se stabilise autour de faibles pourcentages en remontant le cours du Gave. Le décor dans lequel vous pédalez s’inscrit dans le vaste territoire du Parc National des Pyrénées.

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Au kilomètre 7, une courte descente permet de gagner le hameau des Arrassets. La montée du col du Soulor se poursuit par la traversée d’Aucun dominée par sa tour médiévale. Cet apéritif sans relief permet d’apprécier le Parc National des Pyrénées.

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Vous dépassez sans difficultés les embranchements menant à Saint Savin, au lac d’Estaing ainsi qu’aux cols des Bordères et de Couraduqe.

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La traversée de Marsous (859 m) au kilomètre 10 qui constitue l’avant dernier hameau de la montée prépare l’arrivée des forts pourcentages. L’entrée dans Arrens Marsous (878 m) au kilomètre 12 offre le morceau le plus difficile de cette escalade. Suite à un lacet qui se referme sur la droite, la pente se dresse pendant 7,5 kilomètres à 8,5% de moyenne. Un panneau signale le début officiel du col du Soulor à cet endroit.

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La route qui se nomme désormais route du Soulor s’élève alors en lacets sur une pente à 8%. Le ton est donné et il est impératif de trouver la bonne cadence sur ce changement de terrain. La pente qui devient irrégulière vous contraint à adopter une position en danseuse.

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Sur cette partie plus exigeante, vous progressez sur une pente dont la déclivité ne cesse d’augmenter jusqu’à 11% à 4 kilomètres du sommet.

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A l’approche du sommet, vous découvrez le Chalet du Soulor puis la station du Val d’Azun-Soulor dont les 110 kilomètres de pistes de ski de fond forment le plus gros espace de ski nordique du département. Ce long effort s’achève au niveau d’un restaurant matérialisant le carrefour entre les versants nord et est.

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En direction de l’ouest, une courte descente de 2,6 kilomètres à 4,4% permet de filer en direction de l’Aubisque (1709 m) qui a souvent écrasé ce petit frère par sa renommée. Le cirque du Litor (1358 m) qui marque la frontière entre les Hautes Pyrénées (65) et les Pyrénées Atlantiques (64) se dévoile. Face à lui se dressent plus au sud le petit Gabizos (2639 m) et le pic du Midi d’Arrens (2267 m). Au nord-ouest, trône le Pic de Moulle de Jaut (2050 m). En se tournant vers l’est, on découvre le pic de Pibeste (1349 m).

Parfois injustement réduit à un simple rôle de marche pied de l’Aubisque, le Soulor demeure un col d’une rare beauté. Si sa première partie présente un intérêt relatif en raison de la forte densité de véhicules et l’absence de pourcentage, sa seconde qui débute à la sortie d’Arrens Marsosus propose le plus beau panorama pyrénéen sur une route en parfait état. Et le meilleur reste à venir…

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Laurent Dufaux et le festival Festina (17 juillet 1996)

L’étape entre Argelès-Gazost et Pampelune propose 262 kilomètres d’efforts à un peloton fatigué. Ce parcours symbolise les années Jean Marie Leblanc : un kilométrage fou, six cols et des attaques de favoris dès les premiers kilomètres.

Selon une tactique établie au sein de l’équipe Festina, Laurent Dufaux lance les hostilités dès le col du Soulor. Cette accélération du coureur suisse qui a pour objectif de faire exploser le peloton provoque une salve d’abandons. L’équipier de Virenque est accompagné de Neil Stephens et de Michele Bartoli dans ce début d’étape tonitruant.

« L’offensive de Dufaux dès le col du Soulor »

Les attaques répétées de Dufaux obligent les ténors à réagir dès le Soulor. 7ème du général, le vaudois constitue une menace pour les leaders qui décident de se porter à l’avant pour préserver leur place au classement général à quelques jours de l’arrivée à Paris. Jan Ulrich prend les choses en main pour l’équipe Telekom et emmène dans sa roue son leader Bjarne Riis. Ce jeu de manivelle de l’équipe Festina est fatal à Tony Rominger, Miguel Indurain, Evgueni Berzin et Abraham Olano qui forment le groupe des battus. On retrouve à l’avant de la course Bjarne Riis, Richard Virenque, Luc Leblanc, Jan Ulrich, Fernando Escartin, Laurent Dufaux, Piotr Ugrumov et Peter Luttenberger qui occuperont les huit premières places à Paris, chose qui paraît impossible aujourd’hui avec la présence de l’équipe Sky dans le peloton.

Au Port de Larreau qui fait suite au col du Soudet, au col de Marie Blanque et à l’Aubisque, ce petit peloton maillot jaune possède 4’50 d’avance sur le groupe Indurain Olano Rominger. A 90 kilomètres de l’arrivée, ils sont nombreux dans cette échappée royale à avoir intérêt à rouler. Outre la victoire d’étape qui intéresse chacun de ces coureurs (seul Leblanc et Riis ont gagné au cours de cette édition), un bouleversement au classement général est possible avec deux places à gagner aux côtés de l’invincible danois sur le podium.

Sur cette fin de parcours très accidentée, les huit coureurs vont se relayer et arriver ensemble à Pampelune chez le quintuple tenant du titre. Les relais appuyés d’Ulrich et du maillot jaune en personne relèguent Olano, Rominger et Indurain aux 9ème, 10ème et 11ème places du classement général. Le leader de la Banesto montre à l’arrivée qu’il sait également perdre après avoir tant gagné depuis 1991 en montrant dignité, classe et élégance là ou d’autres sportifs auraient filé au vestiaire sans un regard pour leurs supporters, sans oublier d’insulter un journaliste ou de mimer une sarabande…

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Pour la victoire d’étape, celui qui a dynamité la course dans le Soulor va prendre la bonne roue, celle du maillot jaune qui sera pourtant battu au sprint. Laurent Dufaux signe à Pampelune son unique victoire sur le Tour de France.

Outre le natif de Montreux, on retrouve également dans les camps des gagnants du jour Bjarne Riis qui a relégué Miguel Indurain, Tony Rominger et Abraham Olano à 8’50, Jan Ulrich qui devient à seulement 22 ans 2ème du classement général et l’épatant Richard Virenque qui en plus d’un 3ème maillot à pois consécutif remonte à la 3ème place du classement général. Le varois se retrouve en passe d’être le premier français à monter sur le podium du Tour de France depuis Laurent Fignon en 1989. Pour cela, le meilleur grimpeur du Tour doit éviter de renouveler le fiasco du contre la montre final de 1994 au cours duquel il avait perdu sa 2ème place la veille de l’arrivée à Paris.

« Une équipe devenue trop forte »

Le festival Festina du Soulor donnera l’idée à Bruno Roussel de renouveler cette tactique l’année suivante dès le col du Glandon dans lequel l’ensemble de l’équipe se mettra à la planche pour renverser Jan Ulrich. Les dégâts ce jour-là seront considérables. Vainqueur de l’étape à Courchevel, Richard Virenque mettra hors délai 96 coureurs (dont Laurent Jalabert) arrivés 37’ après le maillot à pois. Certains suggèrent que le comportement et les performances de « la bande à Virenque » lors du Tour 96 mais surtout l’année suivante auraient joué un rôle dans le contrôle douanier de Willy Voet. Celui-ci n’aurait pas été complètement le fruit du hasard. Cette écrasante domination et l’attitude parfois jugée arrogante des coureurs Festina dans les cols auraient pu inciter certaines personnes à œuvrer en coulisse. Cette véritable armada qui s’était renforcée avec l’arrivée de Zulle en 1998 aurait probablement écrasé le Tour 98. Mais la pression politique va s’ajouter à la pression médiatique exercée sur Jean Marie Leblanc qui va exclure l’ensemble de l’équipe Festina avant le départ de la 7ème étape.

L’arrivée du Tour sur les terres corréziennes du président Chirac qui souhaite éviter que son pic de popularité né du Mondial 98 ne s’effondre avec une affaire de dopage scelle la fin de parcours pour l’équipe de Virenque qui va payer pour beaucoup d’autres*. Ajoutons à cela, une ministre des sports Marie Georges Buffet qui confond lutte anti-dopage et purges soviétiques des années 30 en voulant faire tomber un maximum de cyclistes (mais touche pas à mon pote Zizou de la Juventus dégoulinant d’EPO en revanche) et un lynchage médiatique orchestré par des gens qui n’ont jamais monté un col : on obtient la mauvaise mayonnaise de l’été 1998.

*Le 24 juillet 2013, la commission d’enquête sénatoriale sur l’efficacité de la lutte anti-dopage publie son rapport et révèle un grand nombre de tests positifs à l’EPO sur ce Tour 98 dont Jan Ulrich, Marco Pantani, Laurent Jalabert, Erick Zabel, Marie Cipollini, Abraham Olano et bien d’autres.

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