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Luz Ardiden

  • Altitude : 1720 mètres
  • Département : Hautes Pyrénées (65)
  • Région : Languedoc Roussillon Midi Pyrénées
  • Catégorie : HC

Montée depuis Luz Saint Sauveur

Distance : 13,4 km – Dénivelé : 1036 mètres – Pente moyenne : 7,7 % - Pente maximale : 10 %

  • Longueur : 3/5
  • Paysage : 3/5
  • Difficulté : 3/5
  • Trafic : 5/5

14/20

Location vélo : Grand Tourmalet Bike Tour à Luz Saint Sauveur

Quand on m’évoque Luz Ardiden, je pense tout de suite au coup de force de Greg Lemond sur le Tour 1990, au panache de Richard Virenque sur le Tour 1994 ou à la chute d’Amstrong sur le Tour 2003. Autant dire que j’étais au pied de cette ascension comme un enfant devant le sapin de Noël.

Après avoir « fait la descente » du Tourmalet par Barèges, j’ai traversé le Gave à l’aide du pont Napoléon III puis avalé une courte descente qui m’a mené au pied de la montée. Les premiers kilomètres jusqu’à Sazos (830m) ne sont pas très difficiles malgré une chaleur étouffante le jour de l’ascension (33° au pied). Brusquement, la pente s’envole au kilomètre 4 à la sortie de ce village en dessinant une longue ligne droite qui mène au hameau de Grust (960 m). Un enchainement de six virages très serrés précède un nouveau tronçon rectiligne (kilomètre 5) qui constitue la partie la plus difficile de la montée (10%). Vous évoluez ici en pleine verdure au milieu des fermes et des sapins. Un silence de cathédrale règne dans cette partie de la grimpette jusqu’au plateau de Cureille (1275 m) que l’on atteint après 7 kilomètres 500 d’efforts.

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A 4 kilomètres du sommet, le paysage se dénude brusquement au carrefour de Viscos et vous affrontez une nouvelle succession de virages en épingles sur une pente moins agressive. A l’approche du dernier kilomètre, la pente s’adoucie nettement. J’ai pu remettre du braquet avant d’en terminer grace à un dernier virage en épingle sur la droite et enfin franchir l’arrivée de cette montée souvent décisive sur le Tour de France.

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Au sommet, l’environnement qui a été préservé, m’a rappelé celui de l’arrivée de la Planche des Belles Filles : un parking, aucune habitation ni commerce et quelques remontées mécaniques. Ouverte en 1975, Luz Ardiden propose 60 kilomètres de pistes à une altitude comprise entre 1700 m et 2500 répartis sur deux secteurs Béderet et Aulian.

Cette ascension mérite son titre d’« Alpe d’Huez des Pyrénées », elle est très agréable malgré un revêtement de mauvaise qualité par endroits. Elle fait partie des cols HC accessibles. La circulation automobile y est très faible et j’ai été très étonné d’y croiser plus de vaches que de cyclistes. Il est probable que son illustre voisin le Tourmalet absorbe le flux de cyclistes et rende cette montée plus anonyme. La grande boucle devrait y revenir bien plus souvent et en faire un incontournable.

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Greg Lemond renverse le Tour (17 juillet 1990)

Le 17 juillet 1990, dans la dernière étape de montagne qui mène les coureurs de Blagnac à Luz Ardiden, Claudio Chiappucci est toujours maillot jaune grâce à une échappée fleuve réalisée en début de tour. Bien que leader du classement général, le grimpeur italien attaque dès la première difficulté du jour en compagnie de sept autres coureurs dans la montée du col d'Aspin en prévision du contre la montre qui lui est défavorable par rapport à son dauphin Greg Lemond.

Au sommet du Tourmalet qui constitue la deuxième ascension du jour, Il Diablo compte 1’06 d'avance sur le groupe Lemond/Delgado/Indurain qui s’ajoutent aux 2’ 24. Il est à ce moment de la course en train de gagner le Tour. En direct sur Antenne 2, Patrick Chêne interroge alors Robert Chapatte sur cette avance virtuelle de 3’30, ce dernier répond que « Greg Lemond doit maintenant sortir le grand jeu ». La grande voix du vélo à la télévision sera entendue. Au prix d’une descente folle, le champion du monde opère la jonction dans le bas de la descente du Tourmalet avant l’arrivée à Luz Saint Sauveur.

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Dès le pied de Luz Ardiden, le colombien Fabio Parra place une attaque tranchante à laquelle Lemond et Indurain répondent. Le maillot jaune qui paye les efforts consentis dans l’Aspin et le Tourmalet coince tandis que Delgado ne parvient pas à suivre le rythme imprimé par l’américain. Le Tour est peut-être à nouveau en train de basculer à cet instant mais dans l’autre sens.

Le champion américain qui porte cette année-là à la fois le maillot arc en ciel et le dossard numéro 1, une rareté dans le Tour de l’après-guerre (seul Merckx a réussi cette prouesse en 1972 et 1975, Stephen Roche était absent en 1988) réalise une démonstration de force. Il éparpille ses concurrents sur les lacets de Luz Ardiden pour cette dernière arrivée au sommet du Tour 1990. Seul Miguel Indurain parvient à rester dans la roue du californien.

Sans l’avoir relayé une seule fois, le coureur espagnol « flingue » le leader de l’équipe Z à 200 mètres de la ligne d’arrivée pour remporter la plus belle étape de cette édition. Chiappucci sauve son maillot jaune pour 5 secondes mais le perdra la veille de l’arrivée à l’issu du contre la montre. L’attitude de l’italien rappelle celle de Bernard Hinault sur le Tour 86 qui lui aussi vêtu du maillot jaune avec une confortable avance avait attaqué Lemond de loin dans l’étape de Superbagnères, pris de l’avance avant de s’écrouler.

Gregory James Lemond a renversé le Tour en se découvrant dès le pied de Luz Ardiden, lui qui avait été si conservateur l’année précédente dans son duel face à Laurent Fignon. Le champion américain gagne son 3ème et dernier Tour de France à l’âge de 29 ans.

« La fin du romantisme dans le vélo »

Dans son autobiographie « Nous étions jeunes et insouciants », Laurent Fignon évoque le dernier jour du Tour 1989 comme point de basculement entre deux cyclismes radicalement différents. Selon moi, ce basculement se situe un an plus tard lors du troisième et ultime sacre de Greg Lemond sur le Tour, dernier héros d’une époque cycliste bénie qui a vu passer Hinault, Fignon, Lemond, Herrera, Roche et Delgado. L’évolution du vélo suivra celle d’un monde en pleine mutation qui a vu tomber le mur de Berlin quelques mois auparavant.

La chute de l’URSS l’année suivante ouvrira les portes de la mondialisation à laquelle n’échappera pas le monde du vélo. Le cyclisme connaitra une profonde transformation à partir de la décennie suivante marquée par l’arrivée de nations émergentes dans le peloton (Slovaquie, Erythrée, Kazakhstan, Estonie,…) , par un afflux massif d’argent (Bernard Tapie a ouvert la voie), par la place croissante des nouvelles technologies de communication et d’information, par l’homogénéisation des pratiques (préparation, récupération, communication, manière de courir), par une circulation accrue des personnes (création du World Tour et de ses courses en Australie, aux Etats Unis, au Moyen Orient et en Asie) ainsi qu’une concurrence exacerbée qui mène au dopage organisé.

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