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Hautacam

  • Altitude : 1680 mètres
  • Département : Hautes Pyrénées (65)
  • Région : Languedoc Roussillon-Midi Pyrénées
  • Catégorie : HC

Montée depuis Argelès Gazost :

Distance : 14,20 km – Dénivelé : 1096 mètres – Pente moyenne : 7,7 % - Pente maximale : 11 %

  • Longueur : 4/5
  • Paysage : 3/5
  • Difficulté : 4/5
  • Trafic : 3/5

14/20

Location de vélo : Ardiden Vélo à Luz Saint Sauveur

Cet obstacle Hors Catégorie du Tour de France propose une redoutable ascension qui mène à la station de sports d’Hiver d’Hautacam.

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En quittant Argelès Gazost (465 m) par l’est, vous franchissez le Gave avant de vous élever en pente douce en direction d’Ayros (482 m). Ce hameau marque véritablement le pied de la montée par un premier relief (8,5%). La route oblique alors vers le sud en direction d’Arbouix (625 m) en surplombant la vallée du Gave de Pau. Tout comme sur Peyresourde, la traversée des différents villages offre d’appréciables paliers de récupération au cours de cette première moitié d’ascension.

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L’entrée dans le hameau de Soin (715 m) fait suite à un kilomètre particulièrement douloureux (10%). A la sortie, vous pouvez enfin souffler pendant deux bornes en raison d’un adoucissement de la pente (5%) avant une nouvelle envolée des pourcentages au décours de « l’épingle de la petite cascade ».

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Lors de la traversée d’Atalens (791 m), une courte descente offre une dernière respiration qui précède un purgatoire de 7 kilomètres à 9,5% de moyenne. La sortie de ce village au kilomètre 7 laisse place au passage le plus difficile de la montée d’Hautacam. Se présente à vous un tronçon de 3 kilomètres à 10% de moyenne qui serpente à travers les Alpages en direction de Saint André (920 m). La mi-parcours que l’on atteint au niveau de ce hameau coïncide avec un changement brutal de végétation : les arbres disparaissent au profit de granges et de cabanes perdues dans un environnement désolé.

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Une nouvelle épingle (981 m) permet de retrouver l’orientation initiale de la montée et de gagner le hameau de Peyrelans (1108 m). Vous remontez alors le long d’imposantes falaises avant que deux virages serrés (1135 m) annoncent un léger fléchissement de pente au kilomètre 11,5. Vous découvrez à cet instant les bergeries des Artigaus.

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A la suite d’une épingle sur la gauche (kilomètre 13) qui dévoile le Belvédère de la Pène de Sérères, débute un final sinueux sur des pentes abruptes. Toujours aussi irrégulière, la pente vous emmène vers une auberge dont le franchissement matérialise la flamme rouge. Enfin délivré, les derniers hectomètres que l’on avale sur une pente enfin supportable (5%) débouchent sur une imposante plateforme goudronnée qui offre un panorama sur les sommets Pyrénéens. Un imposant parking situé à 1560 m permet d’accéder aux remontées mécaniques de la station.

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Ce long effort s’achève en empruntant un ultime kilomètre asphalté à 8% qui mène au col de Tramassel (1615 m). A cet endroit débouche une piste qui permet d’atteindre le pic de Moulata (1719 m). A partir de ce point, il est possible de gagner sans effort le pic de Nerbiou (1747 m).

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Crée en 1972, cette petite station pyrénéenne propose 26 kilomètres de pistes de ski alpin répartis sur les secteurs Cardouet et Naouit. Hautacam possède également un espace de ski nordique de 15 kilomètres qui s’articule autour de la pène de Caucipère (1712 m). Présentée comme la future grande rivale de sa voisine Luz Ardiden lors de son arrivée dans le Tour en 1994, la montée d’Hautacam n’a pourtant jamais suscité l’adhésion des coureurs. Ses incessantes ruptures de pentes, ses pourcentages douloureux, l’environnement désolé et son exposition au vent expliquent que cette montée ait au final perdu son duel avec Luz Ardiden. Malgré des ascensions souvent spectaculaires lors des différentes éditions, Hautacam est retombée dans l’oubli victime de la volonté des organisateurs de trouver de nouveaux terrains de jeu.

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La symphonie de Vincenzo Nibali (24 juillet 2014)

Au départ de Pau, les coureurs abordent le dernier acte du difficile triptyque pyrénéen qui offre une dernière occasion pour certains de sauver leur Tour. C’est avec cette idée que vingt coureurs s’échappent dès le début d’étape avec la bénédiction de l’équipe Astana qui tient le peloton en laisse à 4’.

Au pied du mythique Tourmalet, Sylvain Chavanel attaque (on se demande pourquoi) et fait exploser le groupe de tête. Le natif de Châtellerault se trouve ainsi seul à 73 kilomètres de l’arrivée (on se demande encore pourquoi) et finit par être déposé par Mikel Nieve et Blel Kadri à mi pente. Le héros des Vosges passe en tête suivi du coureur Sky.

Alors que l’on imagine une attaque des adversaires du maillot jaune dans la montée du Tourmalet, c’est dans la descente en direction de Luz Saint Sauveur qu’Alejandro Valverde passe à l’offensive. Le coureur de la Movistar rejoint deux équipiers présents à l’avant de la course qui lui servent de point de fixation. L’espagnol est repris dans la longue portion entre le bas du Tourmalet et le pied de la montée d’Hautacam que le peloton aborde groupé.

« Fauteuils d’orchestre »

A 10,5 kilomètres du sommet, Vincenzo Nibali profite de l’aspiration du vétéran Christopher Horner pour laisser sur place ses adversaires. Insolant de facilité, le requin de Messine qui court dans un fauteuil fait ce qu’il veut au cours de cette édition.

Derrière, Thibault Pinot qui réalise le plus beau Tour de sa carrière attaque pour distancer ses concurrents l’éternel Alejandro Valverde, l’étonnant Jean Christophe Péraud et le prometteur Romain Bardet. Le maillot blanc fait craquer le leader de la Movistar qui tombe du podium. Le grimpeur franc comtois termine 2ème de l’étape à 1’10 du maillot jaune mais devant le maillot à pois Rafal Majka parti en contre pour sauver son paletot face à l’ogre Nibali.

hautacam Tour de France 1

Intouchable tout au long de l’épreuve, Vincenzo Nibali met un point d’honneur à remporter cette dernière étape de montagne. Au terme d’une nouvelle démonstration de force, l’italien file vers une quatrième victoire d’étape sur cette édition dans laquelle personne n’a pu l’arrêter. Le sicilien sera le 6ème coureur à remporter les trois grands Tours après Jacques Anquetil, Felice Gimondi, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Alberto Contador*. Coureur complet, l’italien est également le premier vainqueur du Tour de France à remporter l’un des cinq monuments (Tour de Lombardie en 2015 et 2017) depuis Laurent Fignon**-***. Il rejoindra le coureur français en 2018 au palmarès de Milan San Remo en devenant le premier lauréat de la grande boucle à s’imposer sur la Via Roma depuis le parisien. Présent tout au long de l’année quand la saison d’autres coureurs ne reposait uniquement sur le Tour (Lemond, Ulrich, Amstrong), le requin de Messine devient grâce à sa victoire sur la Primavera le plus grand coureur depuis Bernard Hinault. Il rejoint également à cette occasion les deux mythes italiens Gino Bartoli et Fausto Coppi. On peut désormais affirmer que l’obtention du maillot arc en ciel lui aurait permis d’appartenir à l’aristocratie du vélo.

En franchissant seul la ligne d’arrivée avec le maillot jaune sur le dos, Nibali réhabilite cette montée maudite arrivée tardivement dans l’histoire du Tour de France qui n’a couronné que des coureurs convaincus de dopage : Luc Leblanc en 1994, Bjarne Riis en 1996, Lance Amstrong y assomme le Tour en 2000****, Leonardo Piepoli en 2008 puis Juan Jose Cobo en 2011 qui a toujours suscité doutes et étonnement suite à ce pic soudain de performance cette année-là dans sa carrière (vainqueur de la Vuelta 2011).

*Christopher Froome deviendra en 2018 le 7ème coureur à inscrire son nom sur les 3 grands Tours

**Palmarès des récents vainqueurs du Tour ayant remporté au moins une classique :
Laurent Fignon (Flèche Wallonne 86 et Milan San Remo 88-89)
Miguel Indurain (Classique San Sebastian 90)
Lance Amstrong (Fleche Wallonne 96 et Classique San Sebastian 98)
Bjarne Riis (Amstel Gold Race 97)
Jan Ulrich (EuroEyes Cyclassics 97)
Cadel Evans (Flèche Wallonne 2010)

*** Andy Schleck a remporté Liège Bastogne Liège en 2009 mais a gagné le Tour sur tapis vert à la suite du déclassement de Contador en 2010 et non à la pédale

****Javier Otxoa gagne l’étape mais est renversé l’année suivante par un chauffard à Malaga. Après 64 jours de coma, le grimpeur de la Kelme se réveillera avec de graves séquelles neurologiques. Javier Otxoa est décédé le 24 Août 2018

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